Trump reconnu coupable d'abus sexuels et de diffamation dans l'affaire E. Jean Carroll

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L'écrivain E. Jean Carroll a reçu 5 millions de dollars mardi par un jury de Manhattan qui a jugé l'ancien président Donald Trump responsable de l'avoir agressée sexuellement et diffamée – tout en l'acquittant de sa plainte pour viol.

Carroll, 79 ans, a tenu la tête baissée lors de la lecture du verdict devant le tribunal fédéral de Manhattan – et a hoché la tête lorsqu'elle a entendu le jury se prononcer en faveur de sa plainte en diffamation pour Trump, 76 ans, la qualifiant de menteuse lorsqu'elle a avancé ses allégations selon lesquelles il l'a violée dans une cabine d'essayage de Bergdorf Goodman en 1996.

Le verdict pourrait viser un Trump assiégé dans sa candidature à la présidentielle de 2024 et n'est que l'un des nombreux problèmes juridiques auxquels il est confronté – y compris une affaire pénale en cours liée à des paiements "silencieux".

Le jury de neuf personnes – trois femmes et six hommes – a tranché l'affaire après trois heures de délibérations qui ont commencé peu avant midi mardi.

Ni Carroll ni son avocate, Roberta Kaplan, n'ont parlé à la masse de journalistes à l'extérieur du palais de justice de Lower Manhattan alors qu'ils partaient main dans la main, l'ancien chroniqueur "Ask E. Jean" traversant la foule et dans une voiture en attente.

"JE N'AI ABSOLUMENT AUCUNE IDÉE DE QUI EST CETTE FEMME. CE VERDICT EST UNE HONTE – LA POURSUITE DE LA PLUS GRANDE CHASSE AUX SORCIÈRES DE TOUS LES TEMPS !" Trump a écrit sur sa plateforme de médias sociaux Truth Social après le verdict.

S'exprimant devant le tribunal, son avocat, Joe Tacopina, a juré de faire appel du verdict.

"Il est fermement convaincu, comme beaucoup de gens, qu'il ne peut pas obtenir un procès équitable à New York sur la base du groupe de jurés", a déclaré Tacopina à propos de Trump. "Je pense que l'on pourrait dire que c'est une évaluation précise basée sur ce qui s'est passé aujourd'hui."

Alors qu'un journaliste demandait si cela ferait dérailler la course de Trump à l'investiture républicaine à l'élection présidentielle de 2024, Tacopina a rapidement répondu : "Non".

Dans une déclaration par l'intermédiaire de son avocat plus tard jeudi, Carroll a déclaré qu'elle avait intenté une action contre Trump "pour effacer mon nom et récupérer ma vie".

"Aujourd'hui, le monde connaît enfin la vérité", a-t-elle déclaré. "Cette victoire n'est pas seulement pour moi mais pour chaque femme qui a souffert parce qu'on ne l'a pas crue."

RESPONSABLE: Agressant sexuellement Carroll dans une cabine d'essayage Bergdorf Goodman en 1996.

Dégâts: 2,02 millions de dollars

RESPONSABLE: Diffamer Carroll avec un article du 12 octobre 2022, Truth Social, l'appelant à un "canular".

Dégâts: 2,98 millions de dollars

NON FIABLE:aurait violé Carroll dansle même prétendu incident de cabine d'essayage en 1996.

Nondégâts

Alors que les jurés ont rejeté l'affirmation de Carroll dans son procès de 2022 selon laquelle Trump l'avait violée, ils l'ont reconnu responsable d'abus sexuels. Carroll avait accusé Trump de l'avoir agressée dans une cabine d'essayage du grand magasin de la Cinquième Avenue, très probablement en 1996. Il a nié ses allégations.

Les observateurs dans la galerie du tribunal ont pleuré de joie lorsque le verdict déclarant Trump responsable d'abus sexuels a été lu.

Les jurés se sont également prononcés en faveur de Carroll sur son affirmation selon laquelle l'ex-président l'avait diffamée dans un long post du 12 octobre 2022 sur Truth Social affirmant que ses accusations étaient un "canular".

La décision intervient après huit jours de procès répartis sur trois semaines, au cours desquels le jury a entendu 11 témoins, dont Carroll, deux autres accusateurs de Trump et deux amis à qui Carroll s'est confié au sujet de l'attaque présumée.

Trump n'a pas assisté au procès, mais le jury a vu des extraits de sa déposition vidéo. Il n'a pas non plus appelé de témoins ni présenté de preuves.

Carroll a pris la barre des témoins pendant trois jours, racontant comment elle a rencontré le magnat de l'immobilier dans le magasin haut de gamme, en face de la Trump Tower, très probablement au printemps 1996.

Carroll – qui avait une chronique à succès dans le magazine Elle à l'époque – a accepté d'aider Trump à trouver un cadeau pour une femme et le couple a traversé le magasin en flirtant et en échangeant des plaisanteries, a-t-elle déclaré.

Trump l'a conduite dans un département de lingerie désolé au sixième étage où il a jeté un déshabillé transparent à Carroll, lui demandant de l'essayer, a-t-elle affirmé. Mais Carroll a jeté en plaisantant le une-pièce en dentelle à Trump, lui disant de l'essayer, a-t-elle affirmé.

Puis Trump l'a conduite dans une cabine d'essayage ouverte, où il l'a plaquée contre le mur et lui a cogné la tête deux fois, au cours de ce qu'elle a appelé une « bagarre », a témoigné Carroll.

Trump l'a ensuite pénétrée avec ses doigts et plus tard avec son pénis, a-t-elle affirmé, affirmant qu'elle pouvait "ressentir encore la douleur" de ses doigts en elle.

L'amie Lisa Birnbach a déclaré aux jurés qu'un Carroll "hyperventilant" l'avait appelée quelques minutes seulement après l'attaque présumée. Birnbach a déclaré qu'elle avait conseillé à Carroll d'aller à la police, lui proposant même de l'accompagner. Mais Carroll a insisté sur le fait qu'elle ne voulait pas signaler l'incident et a juré Birnbach au secret, a déclaré le copain.

Deux autres accusateurs de Trump, Natasha Stoynoff et Jessica Leeds, ont également été appelés par Carroll pour informer les jurés d'incidents au cours desquels ils ont allégué que Trump les avait agressés sexuellement.

Leeds, 81 ans, a affirmé que Trump l'avait tâtonnée et avait essayé de l'embrasser dans un avion à la fin des années 1970, puis quand elle l'a vu des années plus tard, il a dit: "Tu es cette c–t femme de l'avion."

Stoynoff, une journaliste, a déclaré aux jurés que Trump l'avait contactée en 2005 alors qu'elle travaillait à Mar-a-Lago sur une pièce pour le premier anniversaire de Trump et de la troisième épouse Melania.

Melania – qui était enceinte à l'époque – était en train de se changer pendant que Trump embrassait de force Stoynoff, qui a été libéré de son emprise lorsqu'un majordome l'a interrompu, Stoynoff a témoigné à travers les larmes.

L'avocat de Carroll, Kaplan, a déclaré aux jurés lors des plaidoiries lundi que les affirmations de Leeds et Stoynoff montraient que ce qui était arrivé à Carroll n'était pas un incident ponctuel.

Kaplan a affirmé que Trump était un menteur habituel et a fustigé le fait qu'il "n'avait même pas pris la peine" de se présenter au procès.

Le côté de Carroll a évoqué à plusieurs reprises la tristement célèbre cassette "Access Hollywood" de 2005 dans laquelle Trump a été enregistré sans le savoir en disant qu'il a attrapé des femmes "par le p-y" et qu'ils l'ont laissé parce qu'il est une star.

Kaplan a affirmé que c'était Trump qui disait comment il traitait les femmes. Mais Trump a affirmé dans sa déposition que cette vidéo était simplement une "discussion dans les vestiaires".

L'avocat de Trump, Tacopina, a déclaré au jury lors de ses conclusions que les affirmations de Carroll étaient une "œuvre de fiction".

Le fait que Carroll ne soit jamais allée voir la police et le fait qu'elle ne se souvenait pas de la date exacte de l'agression présumée n'étaient que quelques-unes des indications qu'elle avait inventées.

Trump a affirmé que Carroll, Birnbach et un troisième ami – à qui Carroll a parlé de l'agression présumée – étaient tous des agents politiques qui ont concocté les allégations pour blesser la présidence de Trump. Il a également affirmé que Carroll avait inventé l'histoire pour augmenter les ventes de son livre.

Carroll est devenue publique en juin 2019 lorsque le New York Magazine a publié un extrait de son livre. Elle a déposé une première plainte contre Trump pour diffamation en novembre 2019 et plus tard pour la plainte pour viol en novembre 2022. La poursuite de 2019 est toujours pendante.

Trump a nié connaître Carroll et a déclaré qu'elle n'était pas son "type" dans les déclarations publiques après.

Mais au procès, les jurés ont vu une photo de Carroll, Trump et de leurs épouses respectives prise des années avant le viol présumé. Elle affirme également qu'il aurait su qui elle était parce qu'elle avait une émission de télévision sur le réseau de son ami Roger Ailes à l'époque.

Dans un article sur Truth Social plus tôt mardi, Trump a déclaré qu'il prévoyait de faire appel "quel que soit le résultat!"

Il a déclaré dans le message qu'il n'était pas autorisé à parler ou à se défendre dans l'affaire – bien qu'il ait eu toutes les possibilités de se présenter au tribunal et de témoigner s'il le souhaitait.

Le magnat de l'immobilier assiégé fait également face à des accusations criminelles en lien avec des paiements présumés d'argent secret à l'ex-star du porno Stormy Daniels et à l'ancienne mannequin de Playboy Karen McDougal. Il a nié les accusations.

Le procureur général de New York, Letitia James, a également intenté une action civile pour fraude contre Trump et sa société. Le président a nié tout acte répréhensible dans cette affaire.

Il y a une enquête en cours pour savoir si Trump a mal géré les informations classifiées qui ont été trouvées par le gouvernement fédéral lors d'un raid à Mar-a-Lago l'été dernier. Et des enquêtes se profilent également sur l'implication de l'ancien président dans l'émeute du Capitole du 6 janvier et sur sa possible ingérence dans les élections de 2020 en Géorgie après avoir perdu face au candidat de l'époque, Joe Biden.